La philosophie de la résistance de Jack Kerouac : configurations et potentialités del’authenticité dans La Légende de Duluoz

Le narrateur de Jack Kerouac dans La Légende de Duluoz est emblématique de l’Être désorienté, isolé et anxieux qui fait l’expérience de la perte d’authenticité pendant la phase socio-politique liminale de la fin des années 1940 et des années 1950. Cette étude aborde la perte de l’authenticité dans la Légende sur trois niveaux d’analyse, chacun correspondant à une menace spécifique à l’authenticité et à des stratégies de résistance spécifiques que le narrateur adopte pour y faire face. Tout d’abord, il s’agit d’examiner la menace de l’hyperréalité sous l’angle sociologique-ethnographique et de discuter des moyens de résistance à l’assimilation à l’hyperréel, qui consistent principalement à établir la suprématie de l’Autre, à reconfigurer l’américanité et à résister à la domination des stimuli artificiels. Du point de vue philosophique, l’étude examine les effets de l’entropie qui déforment la vision de la réalité et des conditions d’existence du narrateur et analyse sa conception d’une religion alternative qui dissocie la transcendance de l’existence d’un dieu et admet la capacité de l’Homme à accéder à la mystérieuse nature nouménale des entités. Enfin, l’étude vise à explorer, d’un niveau socio-créatif, les modes d’intersubjectivité employés dans la résistance à l’individualisme, qui consistent en un mode unique de confessions entre les personnages, l’interprétation de la performance et de la performativité, et l’établissement d’expériences empathiques avec et entre les lecteurs par l’utilisation de l’oralité, de l’improvisation et de points d’attention partagés. La Légende de Duluoz renferme un plan de résistance aux conséquences de la perte d’authenticité dont la signification réside dans sa liminalité, un trait qui caractérise l’époque contemporaine.