Notre axe n’est pas interdisciplinaire dans le sens strict et traditionnel du terme dans la mesure où il est pleinement ancré dans le champ des études anglophones et où il travaille sur d’autres aires linguistiques (notre champ d’application étant l’Europe et donc les échanges entre le Royaume-Uni et les autres pays européens), notamment germanophones et italophones, pour ne citer que quelques-unes. Nous adoptons ainsi une approche comparatiste et transnationale à partir de la sphère anglophone puisqu’il s’agit d’étudier la circulation des transferts littéraires et culturels, aussi bien en matière d’émission que de réception entre au moins deux pays européens, l’un étant les Iles britanniques. Dans ce cadre, nous collaborons bien sûr avec des comparatistes, des historiens de la langue, des spécialistes de la traduction (traducteurs et traductologues), pour l’analyse fine des processus de traduction souvent intrinsèques à tout échange anglo-européen et même anglophone (à travers le gaélique, le gallois etc…).
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Intérêts
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Notre axe s’intéresse aux rapports que notre discipline (études anglophones) entretient avec les disciplines connexes des humanités, avec lesquelles elle interagit, c’est-à-dire la géographie et l’histoire (histoire des idées, histoire sociale et économique, histoire du livre, monde de l’édition). Les approches et connaissances proposées par ces autres disciplines sont indispensables pour identifier les phénomènes de transferts, à savoir les flux (quantité, direction), leurs natures, leurs influences et la réception des idées, des œuvres littéraires et produits culturels traduits/adaptés/transformés dans la construction identitaire des pays impliqués dans ces échanges. Parmi nos objets d’études figurent bien sûr des objets qui relèvent du patrimoine matériel (les textes littéraires, les lettres, les journaux, monuments culturels liés à l’architecture local et national) et d’autres qui font partie du domaine du patrimoine immatériel (musique, arts du spectacle, traditions et expressions orales, les pratiques sociales, rituels, événements, les savoir-faire liés à l’artisanat).
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Interdisciplinarité
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Notre axe est donc avant tout inter-artistique et intermédial puisqu’il s’intéresse à différents arts et supports, le texte n’étant parfois qu’un objet primaire qui peut déboucher, dans la postérité, sur d’autres médias (adaptation filmique, œuvres visuelles et/ou musicale, performance, texte numérique et nouveaux médias), mais aussi un objet d’études parmi d’autres. Bien qu’ancrés dans le champ disciplinaire des études anglophones, nous sommes ainsi amenés à travailler avec des musicologues et des historiens de l’art et de l’architecture qui réfléchissent à des objets de nature matérielle ou immatérielle.
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Interdisciplinarité : autres champs
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Au-delà des apports des disciplines qui figurent parmi les sciences humaines et sociales (géographie, histoire, musique, arts et architecture), notre axe a besoin des connaissances apportées par les sciences, c’est-à-dire la biologie et notamment les neurosciences cognitives. Toute l’architecture de notre recherche est en effet régie par un double décentrage puisqu’il s’agit de déplacer la focalisation de l’origine et l’auteur, non pas vers la destination et le lecteur, mais vers l’entre-deux, les intermédiaires (traducteurs surtout, mais aussi scribes, éditeurs, imprimeurs ou encore critiques, certains cumulant d’ailleurs plusieurs fonctions). Le deuxième décentrage consiste à déplacer l’accent de l’objet texte vers l’humain et son système cognitif sans quoi l’objet en circulation n’est rien, c’est-à-dire creux, vide et littéralement insignifiant. Un imprimé/une idée n’existe que par le biais de la conscience qui le lit/la possède dans le sens plein du verbe « lire » qui étymologiquement signifie « choisir ». Considérer l’interaction entre l’objet en circulation, la culture et la biologie (notamment les neurosciences cognitives) doit permettre de rendre compte de la relation entre l’objet en circulation et les effets perçus dans le but d’analyser des choix linguistiques et de mettre en évidence les phénomènes psycho-cognitifs à l’œuvre. « The way in which culturally embedded literary texts reflect different responses to the narrative exploitation of our mind-reading ability is summarised as ‘how we construct our world both ‘culturally’ and cognitively’», c'est-à-dire « La manière dont les textes littéraires culturellement ancrés témoignent de réactions différentes à l’exploitation narrative de notre capacité interprétative se résume à la façon dont nous construisons notre monde aux niveaux culturel et cognitif ». (Antonina Harbus, p.12). Parmi les théories de l’esprit (theory of mind), celle de l’ « intégration conceptuelle » (conceptual blending) élaborée par Gilles Fauconnier et Mark Turner (2002 ; Turner, 2007) peut être convoquée pour cartographier les multiples connections mentales qui se créent lors des processus de lecture, d’interprétation et de remodelage linguistique d’un texte par le biais d’une fusion des concepts et des inférences qui en découlent. Elle pourra être couplée à la théorie sur la génétique textuelle (Willemart, 2007) et à l’imagologie utilisée dans le cadre d’analyses littéraires comparées (Chevrel, 2007 ; Beller&Leerssen, 2007 ; Doorslaer, Flynn&Leersen, 2016) – l’imagologie consistant en l’analyse des représentations mentales stéréotypées (c’est-à-dire figées à caractère structurant) de l’Autre dans sa culture (Poirier, 2010).
Notre axe est donc disciplinaire par nature, ancré dans le champ des études anglophones, même s’il s’appuie sur les connaissances d’autres disciplines des sciences humaines et sociales (histoire, géographie, histoire des idées, arts dont la musique, architecture, livre et édition). Il est surtout inter-artistique et intermédial puisque ses objets d’études sont de diverses natures (matérielles et immatérielles) et non seulement textuelles.
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Interdisciplinarité : analyse et interprétation
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Il a cependant vocation à devenir interdisciplinaire dans sa phase d’analyse et d’interprétation puisqu’il a besoin des outils tirés de la traductologie (concept de « traduction prismatique » de Matthew Reynolds par exemple) et de la biologie, notamment des sciences cognitives (théorie de de l’ « intégration conceptuelle » de Turner) dans le but de se refocaliser sur l’humain (émetteur/ récepteur/ transmetteur) plutôt que sur l’objet en circulation, de s’intéresser à la représentation mentale qui conduit à la construction d’une interprétation, et de proposer une démarche transversale qui permette d’aboutir à une conceptualisation des échanges culturels interlinguistiques et à une modélisation des processus d’hybridation de l’expression culturelle à l’œuvre dans les réseaux d’échanges transnationaux et transculturels.